L'Insolent

Les connivences parisiennes des Khmers rouges

Ce 27 juin à Phnom Penh commençait le second procès des crimes massifs commis, entre 1975 et 1979, sur l'ordre du PCK parti communiste cambodgien.

Un premier procès avait permis en juillet 2010 de juger le tortionnaire "Douch". Cet horrible personnage avait dirigé Tuol Sleng, la sinistre prison S-21 de Phnom Penh. Aujourd'hui les lieux ont été transformés en musée du génocide. Les murs ont été recouverts de photos des victimes. Mais l'homme n'avait été identifié qu'en 1999. Sa condamnation n'est finalement intervenue plus de 30 ans après la liquidation du gouvernement "khmer rouge" par les rivaux vietnamiens. 

La procédure actuelle vise les principaux survivants de la direction de "l'Angkar", appareil du pouvoir totalitaire de la terrible période 1975-1979.

On pense généralement qu'il s'agira du premier et dernier "Nüremberg" d'un régime communiste. Depuis 20 ans que l'Union soviétique et le pacte de Varsovie se sont effondrés, aucune démarche internationale d'une telle nature n'a pu aboutir dans aucun autre pays.

Certains se demandent pourquoi cette immense opération judiciaire, voulue par les Nations Unies, reçoit un si faible écho dans nos grands moyens de désinformation. À peine a-t-on mentionné la première audience. Sans doute indiquera-t-on brièvement la condamnation, qui ne signifiera pas grand chose.

Dans le but d'expliquer les racines idéologiques du polpotisme la défense avait fait citer un expert belge Raoul-Marc Jennar. L'intention des avocats tendait sans doute à présenter pour spécifiques les sources de la terreur khmère rouge.

Son rapport fut présenté au tribunal le  14 septembre 2009.

Or, ce document met en lumière le rôle essentiel du communisme parisien dans la formation du monstre.

Saloth Sar, qui prendra le pseudonyme de Pol Pot avait étudié à la Sorbonne, comme la plupart de ses camarades. Tous lisaient quotidiennement "L'Humanité", s'imprégnant de la manière dont on y distille la doctrine de Marx et Engels. Ils cultivaient déjà le secret et le noyautage, dans la pure tradition du travail fractionnel léniniste. Un cercle des étudiants marxistes se camoufle, dès cette époque, au centre de l'Association des étudiants khmers de Paris. Elle en tire les ficelles, et elle impose ses mots d'ordre. C'est dans ce contexte qu'ils pratiquent l'admiration du  modèle d'accumulation primitive expérimenté par l'URSS. Ils l'appliqueront avec méthode et fanatisme, un quart de siècle plus tard.

En 1952, le chef du groupe publie (1) un article fondateur. Sous prétexte de choisir entre "Monarchie ou démocratie ?" il se réfère essentiellement à l'exemple bolchevique de 1917. Revenu dans son pays, ce noyau subversif conduira une guerre révolutionnaire impitoyable. Aux adeptes de cette organisation, l'Angkar, du Parti communiste khmer (PCK) ils fourniront un programme et un encadrement.

Quand 20 années plus tard, surgissant de la forêt, les guérilleros sauvages qu'ils ont recrutés sur place s'emparent du pays, c'est bien naturellement que les communistes français applaudissent.

Le 18 avril 1975, sans disposer d'aucun informateur sur place (2)⇓, voilà comment L'Humanité aveuglée par la complicité idéologique prétendait décrire les événements :

"Aussitôt après la libération et l'accueil enthousiaste fait aux libérateurs, des dizaines de milliers de paysans sont repartis avec leurs familles dans leurs villages, écrit Tass. Le commandement des forces armées populaires leur prête l'aide nécessaire pour qu'ils reprennent les travaux des champs".

Le 22 avril, "la vie reprend son cours normal".

Le 24 avril, le responsable de la rubrique Asie du journal communiste, le camarade Jean-Émile Vidal annonçait la grande Fête de la Victoire :

"La fête du peuple. Et déjà, le gouvernement royal d'Union nationale et le Front uni national ont pris des mesures pour que les plus déshérités, ceux qui ont souffert dans les villes sous contrôle de l'ennemi tandis qu'une poignée de gens faisaient fortune, aient part aux réjouissances. Les stocks de vivres détenus par les spéculateurs ont été réquisitionnés. Des campagnes arrivent le riz et la viande. Les prix du riz, du porc et du bœuf ont été réduits en quelques jours dans des proportions considérables. La monnaie nationale, le riel, qui s'effondrait sous le régime fantoche, vient d'être réévaluée de 120 pour cent.

C'est le pouvoir du peuple. Les centaines de millions de dollars ont cessé de couler sur le Cambodge, et pourtant, si quelques corrompus ne s'enrichissent plus, les pauvres déjà sortent de la misère…"

Ces dithyrambes des camarades français en faveur des communistes cambodgiens dureront deux ans, jusqu'au 5 septembre 1977.

JG Malliarakis
        

Apostilles

1. dans "Khemara Nisset" (L’Etudiant khmer) bulletin des étudiants khmers, de l’Association des étudiants khmers de Paris, ce texte est signé "Khmer de souche".⇑
2. cf. l'indispensable livre de Jean-Noël Darde consacré au "Ministère de la Vérité" 198 pages Seuil 1984.⇑

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Les khmers rouges comme gentils libérateurs

Un certain quotidien du soir titrait ce 13 juillet une phrase, un peu déformée, du président du Sénat Gérard Larcher. Celui-ci remarquait que désormais "à l'international nous défendons des valeurs". Et le corps de son propos soulignait, à juste titre, le caractère quelque peu novateur de cette doctrine.

Au même moment (1)⇓ en effet l'administration des Affaires étrangères, sous la direction de Juppé, agissait en complète contradiction avec cette nouvelle esquisse de doctrine. Bernard Kouchner avait tenté, plus ou moins vainement, on doit s'en souvenir, de mettre celle-ci en œuvre à partir de 2007, avant d'être remplacé par Mme Alliot-Marie. L'État qui se prétend patrie des droits de l'Homme ouvrait donc le 12 juillet à Pyongyang un bureau de coopération en Corée du Nord.

Finalement on semble donc au quai d'Orsay décidé à en revenir au bon vieux temps du monstre froid gaullien. Peu importe l'horreur des dictatures avec lesquelles on s'accorde. L'important reste de marquer la différence avec les schémas occidentaux, ceux que les nostalgiques de Lénine appelaient autrefois "l'impérialisme".

Dans le débat sur l'identité nationale, l'ancien dauphin de Jacques Chirac, devenu maire de Bordeaux, avait fait clairement comprendre sa conception de la France. Cette vision est supposée inspirer son action extérieure : "La question 'qu'est-ce qu'être français?' ne se pose pas vraiment. Nous connaissons la réponse. La devise de la République : liberté, égalité, fraternité reste d'une actualité totale. Ajoutons-y la laïcité et on a l'identité française". (2)⇓

Le péremptoire personnage confond donc, après tant d'autres, un pays et un régime politique, assez récent dans l'Histoire nationale et qui ne totalise pas 150 ans de durée additionnée de ses 5 versions successives. Cette erreur trop répandue réduit la réalité historique et géographique d'une terre et d'un peuple à quelques concepts abstraits plutôt vagues.

On remarquera d'ailleurs que les termes utilisés, évidemment en vue d'évacuer la question de l'immigration, ne pèsent pas lourds eux-mêmes dans le raisonnement de ce technocrate. Il affirme, en toute logique, que "la question ne se pose pas vraiment" de leur compatibilité avec l'implantation désormais massive d'une jurisprudence précise, celle de l'islamisme radical, qui professe tout simplement : "celui qui change de religion, tue-le".

Car les principes peuvent toujours être interprétés, certes, dans leur sens le plus noble. Ainsi de la liberté, de l'égalité, de la fraternité. Très beau sur le papier. On voit mal d'ailleurs au nom de quoi ces trois mots appartiendraient en exclusivité à la grammaire d'une seule nation. Depuis assez longtemps le mètre étalon conservé au pavillon de Breteuil à Sèvres ne constitue plus la référence mondiale des poids et mesures.

On peut, d'autre part, retourner la signification des plus fières devises. "Un pour tous, tous pour un", très sympathique chez les Trois Mousquetaires, prend une toute autre tournure dans le contexte des magouilles arrivistes et des exclusives où se sont définitivement déshonorées la plupart des loges maçonniques laïcistes.

L'exemple de l'attitude envers les Khmers rouges permet de mieux comprendre la logique "libératrice" dans laquelle s'inscrit la tradition de M. Juppé.

En 1970, Paris avait coupé les ponts avec le gouvernement cambodgien. Celui-ci cherchait, avec l'aide des Américains à enrayer la guérilla communiste. Double erreur bien évidemment : on n'arrête pas le progrès et surtout pas avec de tels alliés.

Le 12 avril 1975, avant même la prise de la capitale par les hommes de la forêt, la république française avait reconnu le nouveau régime comme "libérateur".

Le 17 avril 1975, selon le titre historique "les chars des Khmers rouges entrent dans Pnomh Penh libérée". Ce jour-là les rédacteurs du Monde, et tous les neutralistes de la diplomatie post-gaullienne, eux aussi, se montrent dithyrambiques. L'euphorie laissera vite la place à la Terreur.(3)⇓

Car, aussitôt dans la ville, les soldats communistes vêtus de noirs entreprennent d'en chasser des centaines de milliers de personnes. Chacun sait aujourd'hui qu'il s'agissait du début du génocide cambodgien. Évacués vers les rizières ces travailleurs forcés mourront de faim, et des mauvais traitements infligés par leurs geôliers staliniens. L'exode fut réalisée en un temps record de 3 jours. Tous les témoignages accablent cette horreur.

Le 20 avril, dans l'ambassade de France sont réfugiées un certain nombre de personnalités. Parmi elles se trouve le président de l'Assemblée nationale Ung Bun Hor. Les gendarmes français le livreront, sur ordre, aux Khmers rouges. Voilà ce que l'un d'eux déclarera 30 ans plus tard : "J'étais un simple exécutant. Il ne voulait pas y aller, il faut être franc. Il devait se douter de ce qui arriverait. Il s'est débattu, on l'a poussé. De toute façon, les Khmers rouges l'auraient chargé de force." (4)⇓ Le consul Jean Dyrac, croisant un reporter britannique du Sunday Times, John Swain, lui aurait confié, livide : "Nous ne sommes plus des hommes".

En 1999, la veuve de la victime, naturalisée française, portera plainte, convaincue que la décision de livrer son mari aux assassins communistes a été prise au plus haut niveau de la république. (5)⇓

À Paris en revanche on parlera, à partir du 9 mai, en triturant une dépêche Associated Press en provenance de Bangkok, de la "gentillesse" des libérateurs Khmers rouges. "Le Monde" manifestera son sens de la pudeur en mettant des guillemets au mot "gentillesse",– mais en l'imprimant tout de même. Au contraire, "L'Humanité" le reprendra à son compte pendant plus de deux ans.

C'était, il est vrai, la grande époque de l'union de la gauche, du programme commun et de la marche au pouvoir de Mitterrand allié aux communistes. Comme le temps passe.

JG Malliarakis
        

Apostilles

1. publié par Le Monde dans l'édition papier datée du 13 juillet, donc le 12, cet entretien a été nécessairement réalisé au plus tôt le 11.⇑
2. cf. Figaro en ligne et AFP le 20 décembre 2009.⇑
3. Dans les archives du Monde on ne retrouve pas à cette date le fameux titre, qui ne se voyait que dans la maquette papier. On retrouve en date du 18 avril 1975 le message du correspondant contenant l'essentiel, ce qui demeure de son article "historique" : sous le titre "Enthousiasme populaire" l'affirmation selon laquelle "la ville est libérée"... quant au premier ministre du gouvernement démissionnaire "Dans la nuit, M. Long Boret nous avait longuement parlé. Il ne pensait pas que ce serait fini si vite, car il nous avait fixé rendez-vous pour ce matin (jeudi). Il nous a avoué l'échec et la défaite. Il semblait inconscient de l'ampleur du désastre, des souffrances infligées au pays et de l'enthousiasme des Phnompenhois pour les forces révolutionnaires." signé : "Le Monde". L'excellent journal savait-il, le 18, que Long Boret était mort, sans doute d'un excès "d'enthousiasme", le 17 avril 1975 ?⇑
4. cf. Le Monde en ligne le 26 février 2010. .⇑
5. À l'époque le chef de l'État s'appelait Giscard et le chef du gouvernement Chirac.⇑

La fin du social à crédit

Ce qui s'est passé ce 11 juillet à la Bourse de Milan change certainement la donne pour toute l'Europe. Nous ne nous trouvons plus en présence de pays comme la Grèce ou le Portugal, représentant 2 % de l'économie de la zone euro. Nous nous voyons confrontés à l'ébranlement d'un des plus solides piliers de la construction européenne.

On argue aujourd'hui d'une dette italienne de 1 800 milliards d'euros. On la présente, faussement, comme impossible à rembourser. Que dire dès lors de la dette de l'État central parisien évaluée elle-même, et de manière moins rigoureuse, aux alentours de 2 000 milliards d'euros, financés à plus de 70 % par l'Étranger, le reste par l'assurance-vie.

Or cette situation ne peut en rien être présentée pour nouvelle. Et la France et l'Italie, certes, persistent évidemment à voter des budgets en déficits, ce qui alourdit leurs endettements. Mais pour Paris, cela dure depuis 35 ans. Et pratiquement personne, dans le monde politiquement si correct de la finance internationale, ne semblait rien dire, rien voir, rien redouter.

La différence entre les deux grands pays du sud et l'Allemagne, ou la Grande Bretagne, ne tient pas à l'euro. Le gouvernement Schröder à Berlin a imposé outre-Rhin à partir de 2002 une cure de remise en ordre financier. Celle-ci remonte donc à près 10 ans. Nos voisins en bénéficient désormais. Or, ce programme d'austérité, a été réalisé au détriment de sa popularité, au moment de la mise en place de l'euro, et alors que le poids de l'unification se faisait encore sentir. À Londres on pratique aujourd'hui un plan de rigueur extrêmement vigoureux, 10 ans plus tard.

Il ne sert donc à rien de pester contre les contraintes, à la vérité fort molles, des fameux critères dits de Maastricht ou du plan de stabilité que, précisément, l'Union européenne n'a pas su faire appliquer.

Il ne sert désormais strictement plus à rien de prétendre "s'indigner" du pouvoir de la finance contre la vie des Etats.

Les "indignés" eux-mêmes, ceux que les médias ont exhibés comme représentants du peuple espagnol et du peuple grec ne reflètent aucunement l'opinion majoritaire de leurs pays. Les élections municipales de Madrid l'ont souligné de manière éclatante, donnant la victoire à la droite. Les petits groupes destructeurs et violents, attisés par de gros démagogues répugnants ne servent qu'à casser et à poser pour les photographes complaisants. Ils pourraient bien un jour se révéler, d'ailleurs, les plus directs agents de l'énorme spéculation développée depuis 2009 pour miser contre les structures de l'euro.

On pourrait certes maugréer, à bon droit, contre les agences de notation. Leurs récentes prophéties se seraient montrées auto réalisatrices : dans un système de crédit, quand la rumeur du discrédit se propage, elle ne peut qu'accélérer la faillite du surendetté.

On ne peut remarquer hélas, au sujet des Moody's, Standard and Poor's ou Fitch, qu'une seule chose : elles ont surtout tardé à remettre en cause elles-mêmes des évaluations trop optimistes, trop conformistes. Puis, elles se sont précipitées à souligner ce que tous les médiats dissimulaient, mais que tout le monde savait. Je me permets de dire que bien avant la dégradation des fameuses notes AAA nous étions en mesure d'annoncer la crise générale du "risque souverain" (1)⇓.

Les conséquences peuvent s'en révéler à court terme catastrophiques pour la conjoncture des économies occidentales. Fondées depuis un demi-siècle sur la priorité artificielle de la consommation de masse elles ne pouvaient pas surmonter la contradiction de l'égalitarisme.

Il fallait que chacun puisse pousser le chariot du supermarché à égalité : il importait donc de faire semblant de distribuer, et même d'appeler de nouveaux bénéficiaires. Comme si l'Europe devait nécessairement fonctionner comme l'El Dorado des migrants arrachés à leur village du Tiers Monde. Rien de tout cela ne créait la moindre prospérité, surtout pas chez les victimes de ce mirage.

Rappelons en effet que la vraie richesse de l'occident n'a jamais reposé sur le gaspillage des ressources. Elle procède au contraire d'un certain nombre de contraintes et de principes, allant de l'allocation rigoureuse de l'épargne à la libre entreprise, de la recherche de l'innovation et de la création, à la promotion de la technique, des métiers, de l'organisation du travail. Son respect du droit de propriété fonde aussi l'entretien de l'outil de production, etc. Rien de tout cela, aucun bureau public de bienfaisance ne l'a jamais suscité. L'égalitarisme affirmé comme un droit exprime exactement le contraire du progrès, y compris et même d'abord chez les plus démunis.

Or ce que l'on a trouvé naturel de financer par l'emprunt, la marge déficitaire des finances publiques ne représente jamais des investissements de progrès. Cela correspond au contraire, depuis toujours, à des gaspillages redistributifs dans leur apparence, – somptuaires en fait pour les dirigeants du système. Ce n'est pas l'outil de production que nos systèmes sociaux développent, c'est le prétendu "moteur de la consommation".

Pendant longtemps les faux raisonnements des technocrates ont privilégié le primat productiviste des "beaux ingénieurs". N'étant confronté à aucune remise en cause, ce travers, très répandu en France, avait pris des proportions monstrueuses dans le système soviétique. À son retour d'URSS Céline dans "Mea Culpa" (2)⇓ avait écrit des pages définitives. Depuis un demi-siècle en occident, on a imposé le délire inverse, celui des frénétiques du prêt à porter appuyés par les reliquats gauchisants du cléricalisme et par les avocats véreux du "socialisme maçonnique". (3)⇓ Tout cela, comme le communisme, ne fonctionnait que pour le bénéfice de quelques gros crocodiles.

Le social à crédit, dissimulateur des énormes prédations de nos prétendues élites, a fait faillite. Il faut avoir le courage de se retrousser les manches, d'en déblayer rapidement les décombres, et de ne plus jamais le reconstruire en Europe.

JG Malliarakis
        

Apostilles

1. Et les lecteurs de L'Insolent le savaient dès l'automne 2009. ⇑
2. Publié en 1936 aux Éditions Denoël.⇑
3. cf. AG Michel "Socialisme maçonnique".⇑

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Le jeu des politiques contre le destin des peuples

À sa manière, habituellement pathétique, Mme Aubry ce 10 juillet mettait en garde contre un vrai danger de la prochaine campagne électorale. Sombrer dans la médiocrité ne fera sans doute pas descendre de bien bas la politique française. Dans son style plus fin, François Bayrou, avait d'ailleurs lancé la veille 9 juillet une remarque analogue. Et Mme Pécresse, le lendemain 11 juillet porte-parole du gouvernement soulignait (1)⇓ que pour ne pas créer une "rumeur sur la rumeur" mieux vaudrait aller franchement en justice. Mais elle allait, au fond, dans le même sens que la première secrétaire du parti socialiste.

Voilà donc au moins un point sur lequel la droite, le centre et la gauche s'accordent. Le premier danger qui menace notre pays le tire vers le caniveau.

Ne me comptant ni parmi les nostalgiques du général De Gaulle ni encore moins de Mitterrand, je me sens tout à fait libre de rappeler ici ce que leurs présidences ont bâti de positif au regard de l'Histoire.

Cela part de la ratification du traité de Rome. Celui-ci, signé en 1957 sous la Quatrième république, avait été dénoncé comme un chiffon de papier par Michel Debré. Or, c'est bien sous la haute direction de son chef que s'est mis en place le marché commun conçu par Jean Monnet et Robert Schuman. C'est bien l'homme du 18 juin qui scelle à partir de 1962, avec Konrad Adenauer, la réconciliation franco-allemande. Ceci réalisait un espoir immense pour toutes les nations du continent, et pour leurs peuples, victimes collatérales de l'antagonisme entre les deux États. Plus tard fut mis en place l'Acte unique en accord avec l'Angleterre, alors gouvernée par Mme Thatcher.

Si, à partir de l'application du traité négocié à Maastricht, puis de la guerre de Yougoslavie, cette belle espérance européenne s'est quelque peu enlisée, on le doit certainement aux médiocrités de la politique française. On peut, on doit, requérir à ce sujet contre les chiraquiens mais aussi contre tous les énarques et technocrates parisiens, comme l'arrogant Juppé concepteur du malencontreux traité de Nice, ou comme ce Delors dont Mme Aubry assume d'ailleurs l'héritage.

Or, le 30 juin, l'ambassadeur allemand Reinhard Schäfers commentait le petit remaniement ministériel survenu le 29 juin dans l'Hexagone. Il aurait en cette occasion déploré que "le président Sarkozy n'accorde pas beaucoup d'importance à l'Europe". (2)⇓ En tout cas, depuis 2007, le ministère des Affaires européennes a changé 5 fois de titulaires. Le dernier en date, M. Laurent Wauquiez aura tenu exactement 7 mois.

Si le sentiment rapporté du diplomate d'outre-Rhin devait se vérifier, la majorité sortante risquerait fort de se trouver en face d'une mauvaise surprise en 2012.

Pour celui qui ne s'attacherait qu'à l'écume de l'actualité, la coopération des nations de notre continent semble devenir une affaire de plus en plus secondaire. Tout paraît concourir à conditionner l'opinion dans ce sens. Regardez simplement les rubriques des gros moyens de désinformation : entre la France et le Monde, le plus souvent, rien n'est consacré à l'Europe. Écoutez les bulletins météo, Dunkerque ou Perpignan, Strasbourg ou Brest, sont désignés pour des points cardinaux absolus. Rien au nord de ce "Nord", rien à l'est de cet "Est". Le nuage de Tchernobyl n'a même pas vocation à s'arrêter à cette ligne qui s'appelle le Rhin : il n'existe même plus.

Cette négation sournoise se révèle d'autant plus orwellienne, que, chaque année en nombre croissant, des dizaines de milliers d'étudiants bénéficient du programme Erasmus. (3)⇓ Toutes nos entreprises vivent à l'heure du marché européen. Renoncer à notre monnaie commune, infiniment plus solide en ce moment que le dollar, coûterait beaucoup plus cher que la correction des quelques erreurs indiscutables de sa conception initiale. Et tout le monde le sait, sauf peut-être ceux qui spéculent contre elle.

Nos moyens de défense, dramatiquement insuffisants à l'échelon national requièrent à l'évidence un déploiement général à l'échelon continental. Le désengagement américain l'imposera d'autant plus.

Les mouvements migratoires passent d'un pays à l'autre de l'Europe. La criminalité transfrontalière impose une coopération policière accrue, un décloisonnement des structures judiciaires, etc.

Certes, on se complaît à intoxiquer l'opinion. La classe politique se préoccupe de savoir "quel candidat occupera les cases du centre", comme s'il s'agissait d'une partie d'échecs, où seuls deux joueurs tiennent les pions. Or, le seul "centre" légitime est celui de la vie concrète, celui du pays réel et non celui du seul pays légal.

Telle que se présentent les campagnes annoncées, celles des socialistes comme de l'extrême gauche, comme d'ailleurs celle de l'UMP comme celle des éventuels populistes, toutes sont menacées par un principal danger. Il ne s'agit pas de rumeur. Il s'agit des vrais problèmes du pays. Il ne faut plus chercher à tourner le dos, avec la complicité des médiats, aux choix fondamentaux que l'on doit opérer pour le salut de nos peuples.

JG Malliarakis
        

Apostilles

1. Sur RTL répondant aux questions de Philippe Corbé.⇑
2. Rapportés par Le Canard enchaîné du 6 juillet ⇑
3. La barre des 180 000 avait été dépassée en 2007. On peut aujourd'hui estimer à 200 000 le nombre annuel des bénéficiaires. ⇑

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Les trois catastrophes du socialisme étatique

Candidat de principe à la primaire socialiste le camarade Arnaud Montebourg (1)⇓, député de Saône-et-Loire, vient de trouver une élégante formule. "Il faut, dit-il, tourner la page d'un ordre ancien". Et si nous savons depuis Héraclite que la seule chose qui ne change pas s'appelle le changement, il faut reconnaître une relative nouveauté à cette formulation.

Malheureusement pour lui, et plus encore pour ceux qui l'écouteraient, personne pourra ne tourner la page d'un ordre vieux comme le monde qui s'appelle l'arithmétique. Personne ne pourra résoudre le problème des 2000 milliards de dettes avouées par l'État central parisien, par l'incantation d'impossibles et insuffisantes hausses des recettes fiscales. Personne ne pourra enrayer la faillite de l'État Providence que révèle la crise de la Dette.

Les deux tendances qui se partagent l'audience au sein de son parti, Monsieur Hollande et Madame Royal d'une part, Aubry d'autre part ne divergent en fait que sur une seule option. La loi de la pesanteur, (2)⇓ imposera un plan de rigueur. Tout le monde le sait. Mais celui-ci : sera-t-il adopté dès l'élection du président de la république, première version ? ou bien, version alternative, après deux années de dégâts démagogiques analogues à ceux commis, de 1981 à 1983, par le gouvernement Mauroy. La formule de l'époque était empruntée à un très beau poème cryptique de Georges Seferis. (3)⇓ La gauche prétendait alors "changer la vie".

Les conséquences ultimes du surendettement des États et des systèmes sociaux ne devraient pourtant échapper à personne. On en dissimule ordinairement l'Histoire, pour ne pas attrister les populations.

Rappelons un seul exemple : la France a pris Alger en 1830 à la suite d'une sommation de payer émise à Marseille en 1807.

Hélas ce qui advient en ce moment à l'Europe du sud va se charger d'en administrer le rappel. Plus les plans de rigueur tarderont et plus les pays qui auront rechigné trop longtemps à les adopter les payeront au prix fort. Inutile je crois de développer ce premier point. Sans doute, en ce moment, les grands moyens de désinformation insistent-ils de manière outrancière sur certaines manifestations explosives. On nous montre des réactions marginales. On exhibe des photographies spectaculaires. On amplifie des imprécations minoritaires. Bref on donne la parole aux indignations sans lendemain. Ceci permet de ne jamais parler de ce qui fâche vraiment, c'est-à-dire de l'essentiel.

Disons en quelques mots ce matin.

La vraie catastrophe à laquelle nous assistons ne vient pas en effet de telle ou telle gestion momentanée de la dette. Elle résulte de l'État Providence aujourd'hui à bout de souffle. Il prétend gérer 57 % de l'activité économique d'un pays comme la France. Ce pourcentage semble effectivement un peu moindre qu'à la fin des 70 années d'une efficace autodestruction, imposée à la Russie par l'URSS. Il y dépassait 80 %, et ne permettait plus la survie des citoyens que par des trafics de plus en plus mafieux.

Or dans leur prétention à tout régenter, de l'assurance vieillesse aux dotations des collectivités locales, du logement social à la prescription des médicaments, de l'éducation des enfants à la dépendance des vieillards, la technocratie et la bureaucratie salissent tout, bousillent tout, détruisent tout. On a traduit en français l'expression anglo-américaine "Welfare State" par "l'État Providence" : il vaudrait mieux parler d'un État Catastrophe.

Les conséquences s'en développent en trois dimensions. On peut, certes, les explorer séparément. Mais il ne faut jamais succomber à la tentation d'en ignorer la commune filiation logique.

D'abord, par la masse même des dépenses démagogiques engendrées, par l'accoutumance même des populations à l'assistanat, on provoque l'engorgement financier du système. Impossible d'en faire voter la moindre diminution. D'exceptionnelles, toutes les subventions deviennent des droits sociaux inaliénables. À tout miser sur des hypothèses de croissance on oublie que celle-ci connaît toujours des contrecoups. Le moindre retournement de conjoncture, et plus encore la crise de 2008, peuvent entraîner la ruine du château de cartes. C'est très exactement ce qui s'est produit en Grèce en 2009 : c'est ce qui menace la France à partir de 2012.

Ensuite, l'institutionnalisation des fonctions accaparées par l'étatisme en pollue toutes les performances. L'école, la poste, l'assurance-maladie, la sécurité, les hôpitaux, les universités, tout ce qui est géré par l'administration se dégrade. Plus les privatisations tardent et plus le secteur privé intervient sur un patrimoine rouillé : c'est ce qui arriva en Grande Bretagne avec British Railways. Les systèmes de soins, le NHS britannique comme Medicaid et Medicare aux États-Unis deviennent autant de monstres dont personne ne veut. Ni Reagan ni Thatcher n'ont disposé du loisir d'en venir à bout. Parallèlement les monopoles publics induisent une culture de prédation des élites dirigeantes. Cela se manifeste de manière criarde dans des secteurs faussement concurrentiels comme l'électricité ou la téléphonie en France.

Enfin les missions fondamentales de l'État passent nécessairement au second rang. À force d'exalter les gaspillages comme autant de progrès de l'esprit humain et de sa justice, les anciennes fonctions indispensables s'atrophient. La défense nationale décline, la police piétine, la justice s'embourbe.

Comment peut-on encore souhaiter renforcer de telles tendances décadentielles ? Posez la question à votre député. Cela vous coûtera un timbre-poste, en hausse de 6,66 % au premier juillet (4)⇓. Le pourcentage de l'apocalypse.

JG Malliarakis
        

Apostilles

1. cf. son interview au Figaro Magazine du 1er juillet⇑
2. Encore l'invention d'un de ces "Maudits-Zainglais", natif du Lincolnshire, Sir Isaac Newton (1643-1727) cf. "Les Deux révolutions d'Angleterre" par Edmond Sayous ⇑
3. Ce poème, [en grec "Arnisi" =] "Négation", a été mis en musique par Mikis Theodorakis il a été interprété par la très belle voix de Maria Farandouri. On pourrait remarquer hélas un contresens sur le premier vers "sto periyali to kryfo", "sur la/notre plage cachée/secrète" y devient "sto periyali to mikro" "sur la petite plage ". L'interprétation par Grigoris Bithikotsis, lui-même plus engagé à l'extrême gauche, ne commet pas la même erreur. Ce poème, écrit à Chypre en 1953, annonce, selon moi, tout le drame de la Grèce contemporaine. ⇑
4. Toujours optimiste je mentionne ce pourcentage "à la hollandaise" en dedans, pour la seule beauté littéraire du résultat. En fait passant de 56 centimes à 60 centimes, le prix de la Marianne rouge a enregistré une hausse de 7,14 %.⇑

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la Dette

Les évaluations de l'Otan en Libye

Ce 7 juillet au matin, sur les innombrables sources francophones de la toile, je ne trouve aucune référence aux déclarations faites à Bruxelles ce 6 juillet, par Anders Fogh Rasmussen, secrétaire général de l'Otan. Essayons de combler cette lacune. 

Bien que les armées de la France soient engagées en Libye, bien que sa diplomatie ait joué un rôle initiateur dans l'opération de soutien aux insurgés de Benghazi, l'opinion hexagonale n'est guère appelée à l'enthousiasme par les médiats. On préfère toujours se solidariser à Paris pour de sympathiques journalistes de gauche, que pour l'engagement des soldats français. Depuis Alphonse Allais, le seul uniforme indiscuté habille l'invincible garde blanche de la principauté de Monaco.

Dois-je le répéter, je ne me sens pas juge de la décision d'en finir avec Kadhafi, et de l'empêcher de massacrer son propre peuple. Je constate qu'elle a été prise et que, dans tout conflit où l'on se trouve engagé, la meilleure porte de sortie s'appelle la victoire. On peut observer par exemple que les militaires algériens semblent ne regretter qu'un seul aspect de cette affaire : le fait de ne pas pouvoir effectuer la besogne eux-mêmes.

Si l'on en croit l'Otan, en près de 100 jours, les bombardements ont atteint 2 700 cibles légitimes, détruisant 600 chars et pièces d'artillerie, ainsi que 800 dépôts d'armes.

Selon le patron de l'organisation militaire alliée, "la partie est perdue (1)⇓ pour Kadhafi". Une fois de plus le CNT, conseil national de transition des opposants, est affirmé comme le seul représentant reconnu du peuple libyen. Et ses délégués seront reçus à Bruxelles le 13 juillet.

D'autres informations font état de l'épuisement financier, matériel, des ressources du régime. Et cependant sa force de mobilisation semble demeurer intacte à Tripoli. On a encore pu montrer le 4 juillet des manifestants fidèles au régime dictatorial dont le moral semblait intact.

À l'inverse, dans divers pays occidentaux, de nombreux opposants à l'intervention cherchent à faire pression pour l'interrompre, pour affaiblir la détermination de leurs gouvernements, utilisant tous les moyens que la démocratie leur accorde.

Le journal turc Zaman Today, proche du parti au pouvoir à Ankara, publie complaisamment la dépêche suivante (2)⇓ :

"L'Otan a pris les commandes après les attaques initiales américaines [à noter ici que pour Ankara le rôle des Britanniques et des Français est présenté comme négligeable] le 31 mars. Les frappes aériennes durent désormais depuis plus longtemps que les 78 jours de bombardements contre la Serbie en 1999, seule opération comparable montée par l'alliance.

Durant cette guerre, l'Otan avait affirmé avoir détruit 400 blindés et véhicules de transports de troupes serbes. Mais les propres rapports de l'alliance avaient après montrer, après guerre, que deux douzaines de blindés et de véhicules militaires détruits.

Anders Fogh Rasmussen reconnaît que malgré les destructions Kadhafi dispose encore de moyens militaires significatifs".

Cette analyse pessimiste elle-même au sein de la coalition occidentale, pour ne pas dire défaitiste, me semble confirmer une dimension perceptible dès le premier jour.

Contrairement aux deux chefs de gouvernements de Tunis et du Caire, eux-mêmes membres de l'Internationale socialiste, le dictateur libyen et son fils font preuve d'une indiscutable détermination à combattre.

On présente souvent Ben Ali et Moubarak comme des "pourris", je les dirais plutôt "occidentalisés" donc blets et friables. Cela explique [en partie] leur chute rapide.

Au contraire nous nous trouvons en présence, à Tripoli comme peut-être à Damas, confrontés à des réalités psychologiquement beaucoup plus dures. Peu sympathiques sans doute, continutarices en petit des grandes expériences totalitaires du XXe siècle. Ma modeste réflexion sur "L'Alliance Staline Hitler" m"a rappelé combien, tout au long de la guerre froide, l'occident avait fait preuve d'aveuglement, de division, de faiblesses coupables, de complaisances envers la trahison.

Cela a permis au régime soviétique, déjà économiquement à bout de souffle à la mort de Staline en 1953 (3)⇓, de durer longtemps, trop longtemps, de continuer à liquider et déporter des opposants et de ruiner son propre pays. Les chrétiens occidentaux applaudissaient le soi-disant réformateur Khrouchtchev qui détruisit plus d'églises que Lénine et Staline réunis.

Dès 1963 (4)⇓ Jules Monnerot prophétisait et expliquait à l'avance la chute de ce régime. Il resta longtemps presque seul de son avis en France. Je lis de temps en temps des critiques de jeunes et beaux esprits, politiquement corrects, sans doute très intelligents, qui lui reprochent, aujourd'hui encore, d'avoir eu raison.

Je me demande quand même s'il suffit de hausser les épaules.

JG Malliarakis
        

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1. En anglais "game over".<< ⇑
2. Dépêche Associated Press datée de Bruxelles le 6 juillet.⇑
3. À ce sujet on ne peut que recommander la lecture du livre signé de Sego Beria "Beria mon père" et surtout les notes de François Thom. ⇑
4. Dans la préface à la deuxième édition de sa "Sociologie du communisme" ⇑

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"Psychologie de la Guerre"

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Le socialisme fiscal déteint sur l'UMP

Sur son site officiel,  depuis janvier l'UMP annonçait son désir, ou sa décision, de lancer le débat sur la fiscalité. Cela avait commencé le 17 janvier par la remise d'un rapport de M. Jérôme Chartier, député du Val d'Oise. Il s'agissait alors de se baser sur une démarche comparative avec  la volonté, l'ambition, de s'aligner sur l'Allemagne.

La convention spéciale du parti majoritaire réunie ce 5 juillet devait marquer une nouvelle étape. Et, certes, les quelques bonnes réflexions du secrétaire général Hervé Novelli sur les 35 heures font toujours hurler les communistes (1)⇓. Mais la ligne directrice semble s'orienter désormais vers ce qu'on appelle "le chantier du financement de la protection sociale". Et sous ce prétexte de transférer la charge de la suppression des 35 heures les vieux démons du RPR et du plan Juppé réapparaissent. On reparle donc de la fameuse "TVA sociale", et de l'assortir de la nouvelle lubie socialiste, l'idée de fusionner la CSG et l'impôt sur le revenu.

Aujourd'hui donc on en arrive sinon aux propositions plus concrètes, du moins à des pistes. Elles pourraient par conséquent intervenir pour le budget 2013, en cas de victoire au scrutin présidentiel puis aux législatives. Elles s'inscrivent à vrai dire, si l'on suit la logique du texte adopté, dans une ambition plus vaste de "démocratie sociale" qui signerait le début du quinquennat futur.

Éric Zemmour cherchait ce 6 juillet à donner la réplique. (2)⇓ Il administrait à juste titre certaines critiques. D'ordre politique ses flèches ne visent cependant pas le contenu économique, social et syndical des propositions en gestation. Le talentueux chroniqueur matutinal semble s'en tenir à des arguments d'opportunité. Il pose même carrément la question : "l'UMP veut-elle vraiment gagner la prochaine présidentielle ?".

Et de suggérer peut-être que la rivalité entre M. Copé, président du parti, et le chef de l'État d'une part, le Premier ministre Fillon, plus encore, déterminerait la ligne de conduite des parlementaires. On n'ose le croire. Que fait la police ?

Essayons, pour notre part de cerner le fond des propositions et des doctrines qui les inspirent, indépendamment des étiquettes personnalisées.

Remarquons là aussi une tendance générale. On veut, à droite, faire plus "social" que les socialistes. Cela se passe dans un pays où certes 20 % de la population bénéficient des avantages pécuniaires du logement social, et plusieurs millions de la Couverture médicale universelle mais où par ailleurs le nombre des propriétaires représente 60 % du peuple souverain. Nous disposerons du loisir d'observer les diverses facettes de cette aberration pendant toute la durée de la campagne électorale.

À cela s'ajoute une autre approche.

Sans chercher nécessairement à concurrencer le parti socialiste et le camarade Mélenchon sur leurs propres terrains de jeux, on se déplace du côté des autistes de la citadelle Bercy. On vient ainsi de remarquer que les complications du Code général des impôts, ses exonérations, ses réglementations, ses modifications, etc. aboutissent à faire payer moins, beaucoup moins, aux grosses entreprises du CAC 40 qu'aux petites et moyennes entreprises et aux artisans. Travailleur indépendant moi-même je n'avais pas besoin, depuis quelque 40 années, du dernier (en date) rapport signé de M. Gilles Carrez pour m'en persuader.

Mais, fort à propos, le député du Nord et rapporteur UMP du budget à l'Assemblée nationale présente ainsi ses conclusions :

"La pression fiscale réelle supportée par les petites entreprises est de près de 20 points plus importante que pour les grands groupes, et ce constat se vérifie quel que soit l'indicateur utilisé." (3)⇓

Lui aussi déclare : "Mon rapport vise à ouvrir le débat."

Merci, mon prince. Et avec qui souhaitez vous confronter vos opinions ? Avec des gens qui n'ont jamais vécu l'activité d'entrepreneur, grand ou petit ? Avec les dirigeants du MEDEF ?

On se doute, hélas, de ce que produira la doctrine habituelle des coupeurs de têtes. Leurs oukases auront été rédigées à l'avance par un bureau du ministère des Finances. L'État cherchera à faire payer aux [très méchants] groupes français du CAC 40 ce que supportent les PME, sûrement pas le contraire.

Au bout du compte, on n'y parviendra pas, d'ailleurs, car ces sociétés disposent de suffisamment de filiales à l'Étranger pour habiller élégamment leurs résultats, et dans le pire des cas, elles délocaliseront un peu plus, ce que l'inamovible Carrez n'ignore pas. Mais on ne cherchera même pas à aligner effectivement les entrepreneurs individuels sur le régime de l'impôt sur les sociétés. Bref on détruira de plus en plus de facultés créatrices.

Le socialisme fiscal tourne à plein rendement quand la gauche exerce le pouvoir, du moins pendant la période où il reste encore du grain à moudre.

Il ne suffira pas, pour redresser la France, de se contenter d'un ralentissement de la machine.

JG Malliarakis
        

Apostilles

1. cf. L'Humanité du 2 juillet 2011. ⇑
2. cf. sa chronique sur RTL à 7 h 13 "L'UMP veut-elle vraiment gagner la prochaine présidentielle ?"⇑
3. cf. Les Échos du 6 juillet. ⇑

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au livre de Vilfredo Pareto "Le Péril socialiste"

Vilfredo Pareto ne fut pas seulement le père de la sociologie moderne. Dans ces écrits, il souligne, combien les réseaux de pouvoirs interviennent de plus en plus dans la banque, dans la "protection" démagogique de l'industrie nationale, avec pour effet de la détruire, et de provoquer le marasme du pays. Ce "socialisme d'État" alimente le “péril socialiste”. Sa formation technique et scientifique permet à l’auteur de donner des preuves tangibles des faits qu'il analyse ainsi.
Or, les lois qu'il dégage, et de son observation, et de sa connaissance de la théorie économique, s'appliquent singulièrement à l'Europe contemporaine et aux fausses solutions que les politiques imaginent d'apporter aujourd'hui à la crise. "Le Péril socialiste". Un livre de 426 pages 29 euros port gratuit à commander par correspondance aux Éditions du Trident, 39 rue du Cherche Midi 75006 Paris.

Le projet de règle d'or devient-il chiffon de papier?

Début mai, l’Assemblée nationale entreprenait de débattre un projet de révision constitutionnelle déposé par le gouvernement. (1)⇓ Celui-ci visait à instituer ce qu'on s'apprêtait à décréter une “règle d’or”. Le principe en consisterait à couler dans un prétendu marbre fondateur l’équilibre des finances publiques. Et on nous annonçait que le Congrès allait être saisi en juillet.

Les choses semblaient donc fort engagées. Un léger contretemps commençait à en faire douter, puisqu'on apprenait courant juin que l'Élysée aurait indiqué que :  "La date de convocation du congrès n'a jamais été fixée. Il n'y a pas d'échéancier." (2)⇓ Point de détail, comme on ne doit pas dire.

Depuis, le projet de loi constitutionnelle sur l'équilibre des finances publiques, voté par l'Assemblée, puis examiné au Sénat, n'a cependant pas réuni l'approbation des trois cinquièmes du Parlement, du fait de l'opposition de la gauche.

On a, il est vrai, tant de fois trituré la loi fondamentale de la Ve république depuis 1959, consentante ou pas, que ce dernier texte était passé inaperçu.

Il convient cependant d'admettre qu'il porte sur une question décisive pour les années à venir. On appelait cette nouvelle disposition "règle d'or". Elle se révèle papier monnaie dévalué.

Du point de vue de l'économiste, et plus encore du comptable, on doit d'abord rappeler que, si l'arithmétique budgétaire n'additionne plus vainement des carottes et des navets, (3)⇓ mais seulement des euros, elle n'est pas encore vraiment sortie du stade archaïque. Tout juste commence-t-elle à tenter d'intégrer des notions de bilan que la comptabilité en partie double a importé dans l'occident commercial arriéré aux alentours du XIe siècle. Le compte des droits constatés dépasse encore, à Bercy, les capacités des cadors de notre chère Direction du Trésor.

Soyons plus clair. Avant toute chose, la volonté d'équilibrer les comptes existe ou n'existe pas dans l'opinion. Cela vaut pour l'État, pour chacune des collectivités locales, pour l'ensemble des régimes sociaux, pour tous les organismes publics. Si l'on part de cet a priori doctrinal tout peut devenir différent. Les méthodes d'évaluation méritent éventuellement de s'affiner mais les sacrifices qui s'imposent peuvent alors prévaloir.

Au lieu de proposer, comme le projet de révision actuellement enlisé, une usine à gaz juridique, modifiant 7 ou 8 articles, imposant une loi organique, etc. il eût paru plus simple de renforcer, ou même simplement d'expliciter les dispositions de l'article 40 de la Constitution. Or, actuellement, celui-ci est rédigé de la manière suivante :

"Les propositions et amendements formulés par les membres du Parlement ne sont pas recevables lorsque leur adoption aurait pour conséquence soit une diminution des ressources publiques, soit la création ou l'aggravation d'une charge publique."

Son objet, parfaitement limpide dans l'esprit des rédacteurs de 1958,  correspondait, au départ, très exactement, au propos de la fameuse règle d'or. On appelle désormais thatchérisme l'opinion dont, autrefois en France, on créditait Antoine Pinay  : "ne dépenser que ce que l'on a".

Simplement, à l'époque, on considérait que tout le mal était venu, sous les défuntes IIIe et IVe républiques, des initiatives inconsidérées et coûteuses des démagogues irresponsables siégeant à la chambre des députés. On leur imposait donc de prévoir, désormais, en contrepartie de chacune de leurs propositions les mesures de financement correspondantes.

On a pu constater au cours du demi-siècle qu'a duré cette expérience, ou peut-être, si on ne le sait pas assez, faut-il le rappeler, comment cet artificiel garde fou a été contourné. On écrit simplement, à la fin de chaque proposition la ritournelle : "Les charges qui pourraient résulter pour l’État de l’application de la présente loi sont compensées, à due concurrence, par la création d’une taxe additionnelle aux droits visés par les articles 575 et 575 A du code général des impôts." Cette élégante formule veut dire qu'on suppose pertinent et suffisant de taxer un peu plus les tabacs et allumettes. Et le tour est joué.

Or, aujourd'hui, le déficit budgétaire est alimenté par tout autre chose, par la démagogie d'État, et plus globalement par une mentalité dépensière. Celle-ci prétend se fonder sur les équations keynésiennes du type miraculeux "I=S". Une telle fausse science est imaginée répondre en économie au E=mc2 de la relativité d'Einstein. Elle n'en conduit pas moins à la ruine générale des sociétés qui l'adoptent. C'est donc par un courant d'opinion de bon sens, d'allégement des dépenses et de moindre tribut supporté par le pauvre peuple qu'il convient lui répondre.

JG Malliarakis
        

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1. Cf. Projet N° 3253 déposé le 16 mars 2011 ⇑
2. Cf. Les Échos enligne le 10 juin ⇑
3. Cf. entretien avec Georges Lane en date du 30 juin sur Lumière 101.⇑

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Islamophobie et christianophobie

Professionnel de la géopolitique, Alexandre del Valle vient de publier un terrible tableau consacré à ce qu'il appelle, après d'autres, la christianophobie. (1)⇓ Il se propose de répondre à la question du "pourquoi" on massacre aujourd'hui des Chrétiens dans le monde. Et il commence par l'état des lieux, c'est-à-dire "comment", et "où", se situent ces persécutions sanglantes, ces meurtres.

Venant après ces quelques rares et courageux auteurs qui ont osé prendre la défense de nos coreligionnaires du Proche-Orient, il peut paraître, par son regard plus mondial, sortir de la seule question du fanatisme musulman. Divers autres régimes persécuteurs font en effet concurrence à cette violence qui semble sourdre de si nombreux passages du Coran. Les survivances du communisme stalinien continuent, par exemple, de combattre le fait religieux. Et d'autres gouvernements, apparemment engagés dans une lutte contre l'islamisme, tendent, aux aussi, à réprimer les courants de conversion ou même la simple pratique de la foi du Christ.

Mais, au bout du compte, ce qui affleure globalement de ce remarquable travail illustre le phénomène du choc des civilisations. L'auteur ne se cache pas d'y voir la cause de tant de drames et, disons-le, de crimes. Interrogé par l'organisme catholique "Aide à l'Église en détresse", Del Valle explique ainsi cette haine contre les disciples de Jésus, l'attribuant à l'occident lui-même et au souvenir des Croisades.

Dans une telle optique, on retrouve la rhétorique, utilisée sur le mode victimaire, par les propagandistes de l'islam politique lui-même. Ceux-ci présentent leurs propres programme comme une riposte identitaire. Naguère, les admirateurs, agitateurs et perroquets du léninisme parlaient de "l'impérialisme". Tous ces gens s'expriment comme si l'entreprise de Lénine, comme celle des califes successeurs de Mahomet ne représentaient pas, à l'évidence, deux formes structurellement similaires de recherche de l'Imperium Mundi. À cet égard, l'œuvre de Monnerot dressait là-contre, dès 1949, un réquisitoire sans faille. (2)⇓

À l'inverse, le lecteur est invité à penser que la voie tracée, il y a 2000 ans, par Jésus de Nazareth exprimerait en quelque sorte une identité intrinsèque à l'occident européen.

Or une telle logique sous-jacente interpelle le croyant, et plus encore l'historien. Pas plus que l'Église universelle ne se résume à celle de Rome, elle ne prend pas sa source sur les rives du Tibre. Le nom de chrétien apparaît en Syrie (3)⇓ dans la ville d'Antioche (4)⇓. Les premiers moines chrétiens apparaissent en Égypte, puis en Palestine et à Gaza. Pendant 1000 ans les 7 premiers conciles œcuméniques, les seuls que reconnaissent les chrétiens orthodoxes délibèrent en grec, langue initialement dominante de la philosophie et de la théologie. Ils se tiennent tous en Asie mineure.

Depuis le Schisme (1054) et le pillage de Constantinople par les Croisés (1204), puis la découverte du Nouveau Monde (1492) le centre de la puissance matérielle n'a cessé de migrer vers l'ouest. On peut s'interroger, dès lors, sur l'efficacité d'une conception purement frontale, et strictement défensive, du choc des civilisations. Certes un Skanderbeg (5)⇓ arrête l'expansion turque à l'Adriatique, certes en 1571 la bataille de Lépante met fin au mythe de l'invincibilité ottomane. Mais dans un cas comme dans l'autre la cause chrétienne n'avance pas d'un centimètre à l'intérieur de cet Empire oriental.

Placer [ce qu'on appelle] islamophobie et christianophobie sur le même plan sous prétexte que les deux mots ont été construits de la même manière revient par conséquent à un jeu dangereux.

Allons jusqu'au bout dans le regard sur l'islamisme.

Un demi-siècle s'est écoulé depuis la publication en 1961, dans la revue "L'Ordre français", sous la signature de Georges de Nantes, d'une série d'articles intitulés "l'Islam religion marginale". La découverte de ces textes, et plus tard celle des livres de Hannah Zakarias, avaient beaucoup impressionné le jeune lecteur que j'étais alors je ne puis que sourire en les rapportant au sentiment aujourd’hui dominant à propos de la religion mahométane. On parle désormais "d'islamophobie". Ce mot de connotation péjorative est construit, sur un modèle trop connu. Il comporte une interprétation fausse du suffixe "phobie". Mais que veut dire "phobeïn" en grec ? Au départ (cf. Bailly) ce mot renvoie à une fuite, une frayeur. Confondre une telle notion avec la haine (racine grecque : "mysos", aversion, souillure) cela s'appelle un contre sens. Cela découle peut-être des fausses traductions de l'Évangile. Nous ne pouvons accepter d'être contraints à cette dualité rustique et unilatérale des sentiments "love"/"hate".

De plus le suffixe "phobie" est accolé ici à une dérivation tout à fait polysémique, à partir de "l'islam". Que craignent dès lors les prétendus "islamophobes" ? Ce mélange juridique, spirituel et culturel qui caractérise la foi coranique ? L'islamisme politique ? L'islamisme radical ? Ou, enfin, reconnaissons qu'il faut voir la vérité en face. La cause majeure des réactions légitimes de crainte et des trop rares volontés de lutte manifestées en occident réside dans ce que l'on se voit contraint, par la logique des faits, d'appeler "islamo-terrorisme".

À tout cela s'ajoutent d'autres types de réactions épidermiques. Elles demeurent en fait parfaitement étrangères aux dogmes religieux. Selon les pays, elles se montrent consécutives, par exemple, à la guerre d'Algérie (pour les Français), aux guerres de Yougoslavie, au dossier chypriote, aux affaires du Caucase (pour les Russes) ou à la guerre civile libanaise. Ne parlons même pas de l'importation métaphorique dans nos banlieues du conflit israélo-arabe.

Confondre ainsi "maghrébins" et "musulmans" alimente de façon précise la logique des islamistes qui voudraient obliger de prétendues "communautés" à se reconnaître de force dans leur propre mélange caractéristique de pratiques sociales ou culinaires réputées religieuses.

On ne devrait jamais se résoudre aux logiques dites "communautaristes". On devrait également, d'ailleurs, rappeler leurs origines, dater leur apparition. Elles ont pris racine dans l'imposture stalinienne en URSS, copiée en France par le PCF et ses alliés, en Yougoslavie par Tito, etc. Identifier les populations par un prétendu marqueur religieux obligatoire a conduit cet "ex" pays à un dramatique éclatement dans les années 1990. Le phénomène a été aggravé par l'étatisme, car celui-ci engendrait par nature des contradictions intercommunautaires. La république jacobine n'y échappera pas, ne serait-ce que dans sa dimension scolaire "d'État". Idem avec la sécurité sociale.

Cette instrumentalisation des religions en arrive à éclipser totalement leur vocation spirituelle.

JG Malliarakis
        

Apostilles

1. Alexandre Del Valle "Pourquoi on tue des chrétiens dans le monde aujourd'hui ?" La nouvelle christianophobie Préface de Denis Tillinac 360 pages prix 23,80 euros ed. Maxima ⇑
2. Cf. "Sociologie du communisme"⇑
3. Cf. Actes des Apôtres, 11,19-20. ⇑
4. Cette ville fut cédée à l'actuelle Turquie dans le cadre de la négociation du traité anglo-franco-turc de 1939, en violation du mandat conféré à la France sur le Levant. "La Question turque et l'Europe" ⇑
5. Cf. Camille Paganel "Histoire de Skanderbeg" ⇑

Deux livres essentiels à la connaissance de l'islam ... et de l'islamisme...

"L’Islam Croyances et institutions" par Henri Lammens... 

Alors que l’islamo-terrorisme a déclaré la guerre à l’occident,... tous les bons esprits font mine de distinguer l’islam modéré de l’islamisme extrême, de postuler l’hypothèse d’une laïcité applicable à la religion musulmane... Il est donc nécessaire de savoir à quoi nous avons affaire. Dans son livre "L'Islam croyances et Institutions"aux antipodes de toute polémique inutile, Henri Lammens explique clairement les notions nécessaires à la connaissance objective et réaliste de l’islam. Un livre de 222 pages à commander au prix de 20 euros, port gratuit sur le site des Éditions du Trident.

"Qui était Mahomet ?" par Henri Lammens.  

Le grand islamologue, posant la question : "Mahomet fut-il sincère ?" s'interroge sur la mission à laquelle se voua le fondateur de l'islam : réforme sociale ? unification politique ? Prédication limitée à un seul peuple ? Un livre de 128 pages 15 euros. En introduction : "Actualité d'une Antiquité" par JG Malliarakis. Longtemps gelées par les censures diplomatiques ou politiques, les recherches sur les origines de l'islam ont pris un essor considérable depuis une quinzaine d'années. En quoi sont-elles décisives pour la compréhension de l'actualité ? à commander au prix de 15 euros, port gratuit sur le site des Éditions du Trident.

Une dette hexagonale de plus en plus cruciale

Depuis plusieurs jours on communique, mais de façon hélas un peu trop vague, sur le dernier rapport de la Cour des comptes. Rappelons que cet organisme est aujourd'hui présidé par un député socialiste, Didier Migaud. Cet honnête diplômé de droit public, conseiller de Martine Aubry pour les questions fiscales, a été propulsé à cette fonction par la présidence de la république. Il s'agissait en février 2010 de remplacer la machine à perdre Séguin. Toute la classe politique s'était empressée de le porter aux nues, mort, après l'avoir presque unanimement détesté de son vivant. Au moins son successeur apparaît comme un opposant déclaré, tout en reprenant exactement le même discours. Pour tous ces personnages qui ont toujours vécu d'argent public le courage politique consisterait dans les temps à venir à augmenter les impôts.(1)

Le chiffre qui semble impressionner le plus l'opinion évalue à 1 646 milliards d'euros la dette "du pays". Et l'Insee considère, au 30 juin, que ce montant représente 85 % de ce qu'on appelle le produit intérieur brut. Les 2/3 figureraient au passif de l'État central parisien, si cette structure publiait un bilan. Les statisticiens nous assurent, par ailleurs, que les collectivités locales, de leur côté seraient entrées en voie de désendettement, cependant que l'émission de produits du Trésor alourdissait l'addition de 55 milliards nets au cours du premier trimestre. Si nous calculons de manière rustique, cela représente un rythme de 55 x 4 = 220 milliards de plus sur 12 mois. À titre de comparaison, la dette d'Athènes est évaluée aux alentours de 350 milliards. Soit 18 mois à ce rythme.

Les bons esprits saluent donc, sans doute, avec raison la nomination de Mme Lagarde à la direction générale du FMI. Peut-être surestiment-ils le rôle de cette institution. Son remplacement au ministère des Finances par François Baroin et l'arrivée de Valérie Pécresse changeront-ils fondamentalement le lancinant problème du déséquilibre des finances publiques de la république jacobine ? La réponse est non.

Un auditeur de Lumière 101, qui reconnaissant après moi [cette évidence](2) que "certes la Grèce n’est pas un paradis fiscal," essaye de m'expliquer que "mais on ne peut pas dire non plus qu’elle soit rigoureuse concernant le recouvrement des impôts directs," et, considère-t-il, "c’est tant mieux" etc. Habituellement, je ne gère pas moi-même les "commentaires" du site Lumière 101. Cependant je me suis cru obligé de répondre. Le cas de la Grèce ne m'indiffère absolument pas. En revanche je ne suis ni citoyen de très beau pays, ni contribuable, ni mobilisable dans cette armée, etc. Mes informations et mon attention peuvent paraître supérieures à la plupart de celles des commentateurs et informateurs agréés. Ceux-ci, en général ne cherchent pas à savoir grand-chose. Dans le meilleur des cas ils sollicitent l'avis des imprécateurs gauchistes ou misérabilistes locaux. Mais je ne prétends aucunement à une science totale.

En effet, la question que j’essaye d’aborder est tout autre. Il s’agit de savoir si on se tire du genre de situation évoqué plus haut, dans n'importe quel pays, en augmentant les taux d’imposition.

Ce correspondant évoque le recouvrement des taxes : il s'agit d'un autre paramètre. Contrairement à ce qu'il écrit je crois déplorable, sous n'importe quelle latitude, que l'impôt ne soit pas perçu dès lors qu'il est émis. Je ne formule, non plus, aucun pronostic. Mais je plaide en fait, au contraire des socialistes, et donc à l'inverse du président actuel de la Cour des comptes et, par conséquent au rebours de tous les strauss-kahniens, pour une diminution radicale de la dépense publique en France.

Je tiens aussi cette piste pour la seule voie de libération susceptible de sauver notre société de sa lente dérive collectiviste commencée dès le septennat de Giscard d'Estaing qui vit les dépenses augmenter de 7 points en 7 ans. Et cela continue régulièrement depuis 30 ans.

Ce pays-ci gaspille, aujourd'hui, 57 % de ses ressources annuelles en prélèvements et emprunts. La seule doctrine qui me paraisse convaincante pour le sortir du marasme conduit un moindre périmètre du secteur d'État, un tribut plus léger et une meilleure perception.

Techniquement l'évaluation des dettes d'un pays pose un certain nombre de problèmes. On peut les aborder de différentes manières. Le plus souvent, on se focalise sur les titres émis directement par l'État. Cela peut conduire à certains raisonnement aberrant, par exemple sur la situation des États-Unis qui certes ont accumulé depuis 10 ans d'importants déficits budgétaires, mais dont les créances sur le reste du monde demeurent considérables.

Fondamentalement la richesse d'une nation ne dépend de son État central et de son secteur public que d'une manière marginale, voire négative.

D'autre part, on doit tenir compte de l'ensemble des administrations publiques. Les fameux critères de Maastricht ont essayé d'intégrer ce concept. Mais celles-ci à leur tour sont souvent plombées par des engagements, des garanties, des participations dans l'économie mixte, des contrats mal négociés, des subventions récurrentes ressenties comme un droit, etc.

Tout cela compose une réalité dont on évite trop souvent de tenir compte dans le détail. Elle se précise cependant, dans toute sa lourdeur, le jour où se présente l'addition.

Globalement l'urgence pourrait devenir telle qu'il se révélerait périlleux de tenir les Français en 2012 dans l'ignorance des choix faits en leur nom. Ceux-ci sont opérés de manière trop discrète. Ils sont relayés par des discours trop démagogiques. La ruine de la démocratie athénienne n'a pas commencé à l'arrivée de Papandréou mais à la mort de Périclès, peut-être même avant. S'agissant de l'Hexagone un certain compte à rebours semble avoir commencé.

JG Malliarakis
        

Apostilles

1. cf. L'Insolent du 18 décembre 2009 "La nuisance Séguin a encore frappé" ⇑
2. cf. L'Insolent du 29 juin 2011 " Le fiscalisme ne sauvera aucun peuple"

À lire en relation avec cette chronique

Le titre de ce livre bleu "Pour une libération fiscale" en fait une réponse au livre rouge de l'équipe de gauche dirigée par Thomas Piketty "Pour une révolution fiscale". Paru en 2012, il soulignait alors les voies de réformes possibles de l'archaïque fiscalité française, appelant à une réduction de la dépense publique, quise révèle d'autant plus nécessaire 10 ans plus tard. Un livre de 202 pages au prix de vente 20 euros port compris.
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