Sous la présidence d'Alvarro Uribe, entre 2002
et 2010, la Colombie avait constitué un bastion sud-américain brillant du
combat pour la Liberté. Le gouvernement de Bogota avait alors remporté
d'importants succès dans sa double lutte : c'est-à-dire à la fois contre
les narcotrafiquants et contre la guérilla d'origine communiste. Ces deux
phénomènes désormais étroitement liés. Ils sont principalement représentés par
les FARC, Forces armées révolutionnaires de Colombie, celles-ci terrorisant les
paysans et pratiquant également des enlèvements systématiques (cf. Ingrid
Betancourt).
Cette rébellion d'origine marxiste-léniniste aura endeuillé la
région depuis son passage à la lutte armée en 1964. Désavouées par le peuple
elle ne survit que grâce au soutien du démagogue Chavez. Ce personnage
délirant, Mélenchon "à balles réelles", et désastreux pour son pays
en dilapide les pétrodollars. Il bénéficie de l'appui de Fidel Castro qui l'a
intronisé de manière officielle son successeur "continental".
À plusieurs reprises Colombie et Venezuela se trouvèrent au
bord de la guerre. Ceci s'est manifesté en particulier lorsque les forces
armées colombiennes mirent en évidence le soutien logistique apporté aux FARC
par les Vénézuéliens et leurs satellites équatoriens.
Or, à partir de 2010, le président Uribe ne pouvait solliciter
constitutionnellement solliciter un troisième mandat. Les électeurs se sont
reportés sur Juan Manuel Santos. Représentant typique de l'oligarchie, faussement
"progressiste", il pouvait sembler décidé à continuer la politique de
son prédécesseur puisqu'il avait été ministre de son gouvernement.
Dès le départ, il n'en a rien été. Dès son élection en
août 2010, il établit des contacts, au départ secrets, avec les FARC et
Chavez, via La Havane. Santos relaye ainsi la nouvelle politique du
Département d'état américain, pris en main depuis l'investiture de Barack
Husseïn Obama par la redoutable Hillary Rodham Clinton. D'une manière qui
ressemble fort aux raisonnements de notre élégant "Quai d'Orsay", le
"radical chic" ne veut pas faire de différence entre les
"opérateurs armés", armée gouvernementale issue du pouvoir légalement
et librement élu, d'une part, et guérilleros dévoyés dans tous les trafics,
d'autre part. Ces derniers bénéficient même d'une sympathie assez coutumière à
cet occident de pacotille qui vénère ouvertement l'icône d'Ernesto Guevara.
Je me fais donc aujourd'hui l'écho d'une alerte lancée ce
28 septembre à Paris par Eduardo Mackenzie responsable de "Colombian
News". Je les reproduis ici. Je le fais sans crainte, malheureusement, de
faire double emploi avec les gros moyens de la désinformation parisienne.
JGM
Voici donc le texte de l'alerte d''Eduardo Mackenzie
Je voudrais vous faire parvenir ces quelques lignes dans le
but de vous sensibiliser par rapport au "processus de paix" en cours
en Colombie. Comme vous le savez, le 8 octobre prochain, dans la ville
d’Oslo (Norvège), des représentants du gouvernement colombien et des FARC vont
entamer des négociations de paix. Ces pourparlers (ultra privés) vont se
poursuivre ensuite à La Havane (Cuba).
En réalité, ce qui est en train de se passer est beaucoup plus
préoccupant et compliqué qu’il paraît à première vue.
À mon avis, ce qui est en cours n’est pas une négociation de
paix entre un gouvernement démocratique et la guérilla communiste la plus
ancienne et la plus dangereuse du continent américain. Ce qui se passe en ce
moment, selon mes informations, c’est le point culminant d’un acte de
collaboration et de capitulation en règle du gouvernement de Juan Manuel Santos
devant les FARC.
L’inquiétude suscitée par ce processus de
"négociation" est énorme et se fait de plus en plus forte en Colombie
car l’élément principal de cette démarche qui s’ouvre, a déjà été, en fait,
négocié entre les deux parties.
Le gouvernement colombien a proposé une réforme
constitutionnelle qui permettrait aux chefs et aux bases des FARC non seulement
d’être démobilisés, et rester en toute liberté, sans avoir à payer un seul jour
de prison pour les crimes qu’ils ont commis, mais aussi à se refaire une
virginité politique leur permettant de participer aux élections comme de
simples citoyens et d’être élus au Parlement ou devenir, à travers des
élections, des maires, des conseillers municipaux, des gouverneurs de
département, et même, pourquoi pas, des présidents de la République. Les chefs
du narcoterrorisme colombien pourront même devenir des ministres d’État après
avoir signé un quelconque pacte "de paix" avec le gouvernement.
En plus de cela, le gouvernement de Juan Manuel Santos est
disposé à discuter ensuite un nouveau projet de Constitution politique et à
faire élire une Assemblée constituante où les anciens chefs des FARC pourront
participer et donc décider de l’avenir des institutions avec les conséquences
que l’on peut imaginer pour la société colombienne.
Ce sera ainsi parce que la réforme constitutionnelle qui
permettra ces aberrations fut approuvée par le Congrès colombien (Sénat et
Chambre des représentants) le 15 mai 2012.
Cette réforme constitutionnelle que le gouvernement colombien
a baptisée "cadre légal pour la paix", garantit aussi l’impunité pour
les crimes de guerre et les crimes contre l'humanité commis par les membres et
les dirigeants de cette guérilla, ce qui est en contradiction flagrante avec la
législation internationale connue sous le nom de "Droit international
humanitaire". Celui-ci interdit toute forme d’impunité aux auteurs de
crimes de guerre et contre l'humanité.
Cette curieuse réforme, que beaucoup en Colombie voient comme
une atteinte à l’ordre public, à la tradition juridique colombienne et comme
une vraie menace pour la paix, est le trait fondamental, hélas déjà acquis, et
le socle de la négociation qui va s’ouvrir à Oslo.
Cette grave concession politique à la narcoguérilla communiste
fut faite par le gouvernement de JM Santos bien avant que la négociation
formelle ait commencé. En effet, dès 2011, alors que le Congrès colombien
discutait les articles du "cadre légal pour la paix", le gouvernement
exigeait que cette réforme soit approuvée, pour pouvoir aboutir
"ultérieurement" à un processus de paix avec les FARC et avec les
autres organisations armées illégales, si celles-là acceptaient de remplir les
conditions posées par le gouvernement, à savoir : cesser leurs attaques et
autres actes violents contre la population civile et contre la force publique,
cesser le recrutement forcé d’enfants, cesser les enlèvements, cesser les
extorsions, etc.
En réalité, et bien avant tout cela, le gouvernement de Santos
avait déjà commencé à négocier en secret avec les FARC depuis août 2010
par l’intermédiaire de son frère et de deux fonctionnaires du pouvoir exécutif
envoyés discrètement à Caracas et à La Havane, malgré une recrudescence
considérable des attaques terroristes des FARC et de l’assassinat d’un certain
nombre d’otages (comme le massacre de novembre 2011). Selon les experts
colombiens les FARC à elles seules ont réussi à augmenter de près de 35 %
leurs activités criminelles ces deux dernières années, en raison des nouvelles
dispositions en matière de sécurité nationale prises par le gouvernement de
Santos (abandon de la doctrine de la sécurité démocratique).
Le 8 octobre prochain les deux "parties" vont
commencer à discuter d’autres sujets, comme, par exemple, une nouvelle
politique de "développement agraire intégral", de nouveaux
"droits pour les mouvements d’opposition" (l’opposition en Colombie a
tous les droits, il s’agit de créer des privilèges supplémentaires pour les
FARC, ou pour un nouveau parti qui serait créé par les FARC, afin de leur
permettre de pénétrer encore plus toutes les sphères de la société et de l’État
colombiens et bien entendu noyauter les médias).
Autre point important de la négociation qui s’ouvre, ce serait
la déclaration d’un cessez-le-feu bilatéral,
ce qui signifie que le gouvernement colombien donnerait l’ordre aux forces
armées et militaires du pays de cesser toute activité de répression et de
défense du pays contre le terrorisme et contre le narcotrafic pendant une
période indéterminée et sans que les FARC aient été obligées de rendre leurs
armes.
Un autre aspect de la réforme qu’ils envisagent de discuter à
Oslo et à La Havane, c’est le possible démantèlement de l’armée et de la
police colombienne dans sa forme actuelle et son remplacement par une force
publique diminuée, incapable de faire face aux graves problèmes d’ordre public
qui s’en suivraient dans le pays et dans les territoires frontaliers, comme les
négociateurs "de la paix" le firent au Salvador il y a quelques années.
Ce schéma de concessions excessives aux FARC reçoit
visiblement l’appui du président Santos, lequel semble acquis à la thèse selon
laquelle "l’issu du conflit" avec les FARC réside dans la
capitulation pure et simple devant les FARC et leur appareil et le bouleversement
des institutions démocratiques colombiennes.
Pour ces raisons tous les secteurs de l’opposition (uribistes,
libéraux, conservateurs, sans parti) au gouvernement de Santos, observent avec
une grande crainte ces "négociations". Ils ne voient pas le chef de
l’État colombien comme un négociateur capable d’imposer une reddition claire et
nette du narcoterrorisme en échange d’un système raisonnable de réductions de
peines et d’un processus crédible de réparation aux victimes , tout comme le
gouvernement antérieur d’Alvaro Uribe l’avait fait pour obtenir la
démobilisation de 35 000 paramilitaires d’extrême droite.
L’opposition à Santos a un leader, l’ancien président Alvaro Uribe, qui est très populaire et très actif. Il doit faire face à une série d’attaques de deux groupes différents: le “santisme” d’un côté, et les FARC et leurs réseaux “politiques”, de l’autre. Ils tentent tous de tuer politiquement Uribe. Les compagnons de route des FARC tentent de monter des procès judiciaires bidon contre lui. Jusqu’à aujourd’hui, Uribe a réussi à déjouer tout cela, mais ses ennemis continuent à comploter. Uribe est accusé par eux d’être un “paramilitaire”, d’être un “ennemi de la paix”. A tort, bien entendu. Uribe est un héros de la Colombie. Le gouvernement de Santos, qui veut avoir les mains libres pour s’aplatir devant les FARC, alimente discrètement, hélas, tout cela. Uribe n’a pas un parti de combat derrière lui. Il est appuyé par des cercles à l’intérieur des partis conservateur et libéral et par des activistes et des intellectuels de la mouvance “uribiste”, mais il lui manque un mouvement plus cohérent et une presse plus militante.
Le souvenir de précédents échecs cuisants de
"négociations politiques" entre trois gouvernements différents et les
FARC est encore très vif en Colombie, sauf pour JM Santos qui semble vouloir
répéter les mêmes erreurs qui conduisirent non à la paix mais au renforcement
politique et militaire des FARC et d’autres organisations terroristes et à une
longue liste de tragédies comme la destruction du palais de justice à Bogota en
1985 et la mort de 89 personnes (entre des otages, des attaquants, des
militaires y des policiers).
L’ouverture de ces négociations à Oslo et à La Havane se
situe d’ailleurs dans un climat très malsain et très hostile à l’encontre de la
liberté de la presse et de la liberté d’expression. En effet, les principaux
critiques de ce "processus de paix" sont en train d’être harcelés et
accusés par le président Santos d’être une "main noire d’extrême
droite", et même licenciés de leurs postes dans les média (le cas le plus
connu est celui de José Obdulio Gaviria, interdit la semaine dernière d’écrire
ses articles d’opinion dans le journal El Tiempo), ou ont même été l’objet d’attaques terroristes comme ce fut le cas
le 15 mai 2012. Ce jour-là, en plein centre de Bogota, une bombe de forte
puissance a explosé contre le véhicule blindé de l’ex-ministre et journaliste
Fernando Londoño Hoyos, le principal critique du "cadre légal pour la
paix", le blessant gravement, tuant deux de ses gardes du corps et
blessant 54 civils. La police judiciaire estime que les auteurs de cet attentat
sont les FARC qui auraient passé un contrat avec un groupe de la pègre, mais
les commanditaires n’ont pas encore été découverts.
Il me semble important de vous alerter sur ces événements qui
sont très mal décrits par la presse française. Non seulement ils menacent la
liberté en Colombie mais ils se déroulent dans un moment et dans un contexte de
risque élevé pour la démocratie en Amérique latine, surtout si le président
vénézuélien Hugo Chavez remporte la prochaine élection présidentielle ou s’il
parvient par la force à s’imposer après le 7 octobre.
Eduardo Mackenzie 28 septembre 2012
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