Ce 5 mars, à Paris, les ministres des affaires étrangères russe et américain se rencontrent et on ne saurait prédire l'évolution immédiate de la situation internationale. Après tout Yalta se situe toujours en Crimée…
Sans s'attarder aujourd'hui sur le dossier strictement territorial, historico-chauvin et néo-jacobin de la pseudo-justification par l'agresseur des événements des derniers jours, essayons de cerner, dans cette première chronique, et avant tout, la réalité à laquelle est confrontée l'occident.
Signalons donc d'abord que la guerre froide, la vraie, celle du NKVD d'alors, avait commencé beaucoup plus tôt. De ceci témoigne l'affaire Venona dès 1943. Mais, à l'époque, la Maison Blanche, le parti démocrate des États Unis et le New York Times ne voulaient voir en Staline que l'Oncle Joe.
Il fallut attendre le discours de Churchill à Fulton en mars 1946, suivi de celui de Zurich en septembre pour que l'occident officiel commence à prendre vraiment conscience de la situation. Les élections intermédiaires américaines de novembre se traduisirent par une écrasante victoire des républicains. Oublié des historiens conformistes, ce fait conditionna en avril 1947 l'apparition de la fameuse doctrine Truman. Il ne s'agissait d'ailleurs que de "contenir le "communisme".
Entretemps l'Armée rouge avait conquis territorialement l'Europe centrale. La mainmise politique du stalinisme allait encore être confirmée par le "coup de Prague" de février 1948. Le pacte atlantique ne fut signé qu'en avril 1949.
On ne s'étonnera pas, par conséquent, de voir et d'entendre aujourd'hui, où certes la présidence américaine ne se situe pas à son apogée, de bons esprits s'employer à nier l'évidence que chacun peut constater à condition d'ouvrir les yeux.
Le texte le plus cocasse a été publié en date du 3 mars 2014 par L'Humanité. Nous citons ici un extrait d'une déclaration officielle du parti communiste français, lequel appartient encore de facto à la majorité présidentielle :
"Ce n'est pas le retour de la Guerre froide à laquelle nous assistons mais bien à un conflit au sein du G8 entre, d'une part, les États-Unis, appuyés par l'UE et servis par l'OTAN, et, d'autre part, la Russie, pour sauver ou conquérir leur place parmi les puissances mondiales."
Ainsi donc le PCF, tout en récusant toute assimilation à la première guerre froide, qui dura plus de 40 ans, en décrit exactement le mécanisme.
La déclaration du groupe de Visegrad, formé des quatre principaux pays d'Europe centrale, le confirmait le 4 mars : la politique étrangère de Moscou est revenue à l'ère soviétique. (1)⇓. Et, à l'international, elle reçoit essentiellement le soutien concret du bon vieil appareil communiste international.
Dès les années 1920 ces réseaux militants avaient été mis au service du gouvernement soviétique. Lorsqu'en 1943, fut dissous officiellement, la IIIe Internationale, c'est-à-dire le "Komintern" (2)⇓., le secrétaire général de cette organisation, le Bulgare Dimitrov, changea de bureau, pour s'installer tout simplement au Kremlin et son activité devient un peu plus dépendante des ordres de Staline et de Beria…
Le pouvoir local a plus ou moins changé d'orientation apparente, sur le terrain économique par exemple. Les continuateurs du communisme, quant à eux, n'ont pas modifié leur allégeance.
JG Malliarakis
Apostilles
- cf. sur le site de l'IHS "Les voisins de l'Ukraine dénoncent le retour à l'ère soviétique"⇑
- on doit lire à cet égard le "Komintern" par le colonel Rézanof ⇑
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